Une fois c’était
une exposition d’estampes japonaises: à côté de la mince découpure du soleil
rouge et rond comme la lune, un nuage jaune paraissait un lac contre lequel des
glaives noirs se profilaient ainsi que les arbres de sa rive, une barre d’un
rose tendre que je n’avais jamais revu depuis ma première boîte de couleurs s’enflait
comme un fleuve sur les deux rives duquel des bateaux semblaient attendre à sec
qu’on vint les tirer pour les mettre à flot.
Marcel
Proust, A la Recherche de temps perdu,
I:804-805