Des églises gothiques toutes
blanches, entourées de sycomores et de lauriers géants, des maisons à colonnes
grecques dans des jardins de camélias, des dames au fond de calèches dont les
grandes roues luisantes tournaient comme des soleils, des noirs en costumes
rayés, courant dans la poussière, l’air tiède, les voix chantantes, la lumière
d’or pâle criblant les voûtes de feuillage noir: Savannah.
Elles n’étaient pas encore au terme de leur voyage. Il fallait aller beaucoup plus loin, traverser de
vastes fleuves aux eaux rouges, suivre pendant des heures une route étroite à
travers les forêts silencieuses et les plaines brunes où les busards, quittant
un ignoble festin, s’envolaient lourdement à l’approche de la voiture.
Julien Green, Journal 1928-1934, 264-265